Tarik Ramadan. Un homme à abattre, un symbole à détruire, un modèle à éliminer, ou un citoyen à respecter ?
Je parlerai de Tarik sous un angle de vue particulier, celui du vécu de cette affaire amère par la communauté musulmane suisse.
En Suisse, on n’a pas la même perception de l’Islam que la France victime de son esprit d’empire coloniale fatiguée.
Nous ne sommes pas encore atteints du virus de la haine de l’islam et des musulmans. Nous n’avons pas entassé les musulmans dans des banlieues autours de nos villes et nous n’avons pas scolarisé leurs enfants dans des écoles qui ne trouvent de similarités qu’avec celles des anciennes colonies françaises.
En Suisse, nous sommes encore différents et la communauté musulmane suisse suit l’affaire de Tarik avec une attention particulière et avec un tempérament suisse.
En effet, un acharnement du pouvoir judiciaire, pilier de tout Etat de droit, contre un individu, musulman ou non musulman, n’est pas encore envisageable au pays des helvètes.
On peut bien être différent, voire très différent, de tous et de chacun, mais soumettre la relation avec l’autre à la haine et à l’aveugle acharnement contre une communauté toute entière, ne peut encore se prêter à un « possible » suisse.
Chez nous en Suisse, Tarik Ramadan, fis de Said Ramadan réfugier égyptien établi en Suisse , fils de Hassan El Banna fondateur de la confrérie des Frères musulmans, frère de Hani Ramadan directeur du Centre islamique de Genève , reste à la fin de tout compte et après chaque discussion ou échange médiatique ou politique, un citoyen suisse.
Tarik Ramadan, après cette rude épreuve sur le territoire gaulois, cesse d’être un simple citoyen suisse. Désormais, il devient un symbole.
Symbole de résistance à la politique à double poids de mesures. Symbole de réussite d’une génération d’étrangers qui tendent à incarner le sens réel de citoyenneté active.
Désormais, on lui a fait porter la couronne d’épines et il est entré dans l’histoire par la porte de cette grande injustice qu’il subit sur le trouble territoire français.
Une chose est assurée, la France a échoué dans sa tentative à casser le symbole. Tout au contraire, elle a achevé sa construction solide et durable. Il n’y a que les imbéciles qui peuvent penser qu’ils sont capables à nous convaincre que Tarik a tenté de violer une extrémiste qui a basculé de salafiste des ténèbres à une adepte du libertisme sordide.
Nos enfants se reconnaissent désormais dans l’épreuve de Tarik Ramadan. Ce dernier a franchi l’étape, d’une personnalité controversée, avec des pour et des contres, pour occuper le statut du modèle à suivre. La photo de Tarik est désormais accrochée sur les murs des foyers des musulmans de l’Europe et son nom est, désormais, lié à l’épreuve encourue par le prophète Joseph.
Ridha Ajmi