« Tout périple commence par un départ, un sacrifice, une séparation. » [1]
Alors mon frère, je t’invite !
- À te séparer de ton égo car il t’absorbe et te noie dans les ténèbres.
- À te séparer de ton entêtement car il te prévient de voir la Lumière du jour.
- À ouvrir les bras de ton cœur et de ton esprit afin de cueillir le changement,
La réforme.
Celle-là même qui t’offre les clés de la Compagnie,
Compagnie de l’Unique dans Ses Attributs,
Compagnie terrestre avant la volupté ultime de La contemplation,
Contempler Son Noble Visage.
N’est-ce pas là notre ambition à tous, notre quête à tous ?
C’est pour cela qu’aujourd’hui, mon frère, avec amour et détresse, je t’invite.
Je te convie à nous assoir à la table de l’humilité – caractère nécessaire pour entreprendre cet enseignement.
Comme le dit l’auteur « s’interroger – premier pas d’une volonté qui donne corps à la réforme de soi»[2]. Regardons un miroir et interrogeons notre intention, pièce cruciale, maitresse de notre réacteur. Scrutons-là à la lumière de cette expérience :
« Dans mes premiers pas musulmans, je m’étais juré, comme beaucoup à mes côtés, de traduire ma spiritualité dans un engagement concret. Je décidai très tôt de m’investir dans des associations afin de réaliser certaines actions ou de réaliser la promesse de servir Dieu par le service de Ses idéaux et de Ses créatures. Au début, ma motivation était inébranlable et mon intention, cristalline. Je venais pour Allâh et pour Allâh Seul, et je m’agrégeais pour ce faire à un groupe, à mes frères. Tout m’était inconnu, hormis mon intention, et mon ignorance de tout le reste rendait l’humilité facile.
Puis le temps des actions vint et avec lui son lot de responsabilités et de préoccupations. Les problèmes ne manquaient pas et nous rencontrions, mes frères d’engagement et moi, un nombre de difficultés considérable. […] Ici, l’on organisait des conférences, là on cherchait des sources de financement, plus loin on recevait les personnes en difficulté dans des permanences. […] je m’attelais à ma mission en faisons de mon mieux, […] menant chaque bataille jusqu’à son terme avant de passer à une autre.
Ainsi mon glissement s’opéra.
Comment ? Aussi facilement qu’une feuille morte portée par le vent. Occupé en corps et préoccupé en esprit, ma motivation avait changé de direction sans que je m’en rende compte. Je ne venais plus pour Allâh et pour Allâh Seul. Je venais pour mener à bien un projet. Je venais pour être avec mes amis et frères, et profiter de leur chaleur. Je venais pour ne pas rester seul. Je venais pour obtenir un résultat ou avoir gain de cause. Je venais pour mon nom, et mon honneur. Je venais certes, mais pour un milliard d’autres petites raisons, modestes et insignifiantes prises isolément mais cataclysmiques considérées l’une après l’autre, ensemble. Le constat était là, devant moi, implacable : j’avais maculé mon blanc originel de significatives nuances de gris. Si je l’avais sali en le colorant de rouge sang, le résultat n’eût pas été différent.
[…]je ne dis pas que toutes les choses que j’ai faites étaient fausses ou inutiles. […] Je ne dis pas non plus que les raisons différentes pour lesquelles je militais alors étaient de mauvaises raisons, immorales ou contraires aux lois de Dieu. Non, ce serait faux. Mon malheur était qu’elles n’étaient plus dirigées uniquement vers Lui. Et cela faisait toute la différence. »[3]
Pire qu’un être oisif et inactif est un être qui puise toutes ses forces inutilement.Dieu n’a-t-Il pas dit : « Ceux dont l’effort, dans la vie présente, s’est égaré, alors qu’ils s’imaginent faire le bien. » Sourate 18, la Caverne, verset 104.
que Dieu nous préserve de ceux-là et nous inscrive parmi ceux-ci : « Ce jour-là, il y aura des visages resplendissants qui regarderont leur Seigneur. » Sourate 75, Al-Qiyâmah, la Résurrection, versets 22 et 23 .
A. Abid
Dernière question, de quand date la dernière fois que tu as questionné et examiné ton intention ?
[1] Abd al Hakim Chergui Ed. TAWHID, 2010
[2] Abd al Hakim Chergui Ed. TAWHID, 2010
[3] Abd al Hakim Chergui Ed. TAWHID, 2010